Luc Alphand, vainqueur du Paris-Dakar et du racisme ordinaire ?
« Il faut connaître l’Afrique pour savoir ce que c’est : ils chantent, ils dansent, ils courent parce que c’est super pour eux, le rallye. Ils sont inconscients ».
De qui sont ces propos ? De Jean-Marie Le Pen ? Philippe de Villiers ? Que nenni ! De Luc Alphand ! Grand vainqueur pétaradant du dernier « Paris-Dakar » dans un grand hebdomadaire français. Renversant ? Peut-être !
On a l’habitude de dire de certains sportifs qu’ils ont tout dans les jambes et rien dans la tête. C’est peut-être le cas de Luc Alphand, désormais champion polyvalent de ski et de rallye. Mais les propos renversants ne sont plus le monopole des seuls sportifs au cerveau «hypotrophié ».
Les propos de Luc Alphand ne sont en définitive que l’expression du racisme ordinaire, nourri par des clichés imbéciles et multiséculaires. Un discours qui resurgit quand dans certaines situations le vernis de l’hypocrisie craquelle.
On l’a vu avec la crise dans les banlieues françaises. Que n’a-t-on pas entendu ? Même de la bouche de quelques spécimens de l’intelligentsia française ? Le philosophe Alain Finkielkraut a ainsi analysé cette crise : «Le problème est que la plupart de ces jeunes sont noirs ou arabes et s’identifient à l’Islam. Il y a en effet en France d’autres émigrants en situation difficile, chinois, vietnamiens portugais, et ils ne participent pas aux émeutes. Il est donc clair qu’il s’agit d’une révolte à caractère ethnico-religieux ».
Quant à Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, elle aurait raflé le trophée s’il y avait eu un concours des déclarations les plus stupides. Cette éminence grise et immortelle, se croyant loin d’oreilles indiscrètes, expliquait ainsi dans les médias russes la crise des banlieues : «Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains. Or la ville de Paris et les autres villes d’Europe, ce ne sont pas des villages africains. Par exemple, tout le monde s’étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l’école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C’est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues.»
Sans commentaire !
Sek Taalet
Lire aussi : Rallye Paris-Dakar : un spectacle arrogant et humiliant